mardi 12 juin 2007

Rome antique - Introduction

On distingue dans l'histoire de Rome antique trois grandes périodes :

1) La Royauté (753-509)

Rome naît en 753, date attribuée à sa fondation et transmise par la tradition. Elle est plus ou moins confirmée par l'archéologie. C'est une période fortement légendaire : ce que l'on en sait et très transformé par la mémoire et le discours. Elle est connue grâce à trois auteurs de la fin du Ier siècle av. J-C, entre 40 et 15.
– Le premier est Tite-Live (64-17) ; il a écrit une histoire de Rome en 142 livres. Beaucoup sont perdus, mais pour les origines de Rome, 6 livres ont été conservés.
– Le second est un poète : Virgile (70-19) avec en particulier l'Enéide, poème en douze chants où il fait le récit de la venue d'Enée dans la région de Rome du Tibre. C'est le héros d'identification de Jules César.
– Le troisième est un homme de lettre grec Denys d'Halicarnasse (60-?). Il est venu résider à Rome. Il est l'auteur des Antiquités romaines dont les volumes 1 et 2 sont accessibles dans la collection la Roue à livres (Belles Lettres).
Ils ont donc vécu bien après les évènements qu'ils rapportent. Après examen, il apparaît que ces récits sont destinés à masquer que Rome à été soumise à ses voisins : les Sabins et les Etrusques de Toscane. Ces deux peuples ont exercé une domination sur les fondateurs de Rome.
La période voit l'exercice du pouvoir de Sept rois légendaires : Romulus, héros fondateur de l'Urbs, Numa Pompilius qui a donné son organisation politique à Rome, Tullus hostilius et Ancus Martius. Puis trois rois étrusques : Tarquin l'Ancien, Servius Tullius qui donne son organisation administrative et sociale à la ville, finalement, Tarquin le Superbe, le roi qui sera chassé par les Romains en 509. Il est remplacé par deux personnages, les consuls, qui proclament la république.
Cet épisode a provoqué chez les romains une haine récurrente de la monarchie.

2) La République (509-31)

C'est une période de développement de Rome avec l'accroissement de son indépendance, la mise en place des institutions, des structures sociales et économiques en liaison avec l'expansion territoriale de Rome en Italie, puis dans le bassin méditerranéen. Au cours de cette expansion, les romains entrent en contact avec la civilisation hellénistique, héritée de la synthèse entre la civilisation grecque classique et celles des régions conquises par Alexandre. Loin de la rejeter, les romains vont se dire les héritiers et les continuateurs de cette civilisation.
Au Ier siècle, viennent sur la scène des généraux romains qui prétendent diriger seul les destins de Rome ; c'est un retour à la tendance de domination personnelle : Sylla, Pompée, César, Marc-Antoine, Octave futur Auguste.
En dépit des luttes pour le pouvoir, ce dernier siècle est marqué par un rayonnement de Rome sur tous les plans. Cette période a vu naître et vivre des hommes comme Cicéron, orateurs, poète, philosophe. Vivent alors les plus grands poètes (Lucrèce, Catulle, Proerce) Historien (Saluce, César, Varron né en 116, mort en 27). Varron à écrit une soixantaine d'ouvrages sur des thèmes fort variés.
C'est donc une période riche et de transition.

3) L'Empire (27-476)

C'est une vaste période qui se divise en deux parties. Le Haut Empire (27av-235ap) et le Bas Empire (284-476). Le Bas Empire, désigne la période la plus proche de nous sans considération péjorative aucune ; on l'appelle aussi l'Empire Tardif.
Entre les deux, une cinquantaine d'années : les crises du troisième siècle, période de troubles, d'insécurité, d'instabilité politiques, de menaces extérieures qui voient les empereurs faits et défaits par l'armée.
L'Antiquité Tardive est une période de renaissance de l'empire romain jusque vers 395. L'Empire trouve deux empereurs à forte personnalité : Dioclétien qui met en place la tétrarchie et Constantin le Grand. Après la mort de Constantin commence un long déclin, surtout après le partage de l'empire en deux par Théodose le Grand. Ce déclin conduit à la chute de l'empire sous Romulus Augustulus.
L'Empire romain d'Orient survivra et se transformera en Empire byzantin jusqu'à la chute de Constantinople en 1453.

4) Les Sources pour l'étude de la République

Cicéron (106-43) : les discours, les correspondances, les traités, sont une mine d'information pour la période de la République.

César (101-44) : homme politique visionnaire, conquérant, mais aussi accompagné d'une gloire littéraire avec De Bello Gallico en sept livres + 1. Aussi, De Bello Civile, épisode opposant César à Pompée. Plus ou moins de lui : la guerre d'Alexandrie, peut-être par Hirtius, la guerre d'Afrique, auteur inconnu, et la guerre d'Espagne.
Ces œuvres sont indispensables à la connaissance de ces siècles. Il faut néanmoins se méfier des œuvres de César, ouvrages de propagande, par conséquent subjectifs, parfois fallacieux qui mettent en exergue la valeur d'un homme. Mais cohabitent aussi pureté de la langue et du vocabulaire. Il sait mettre en scène avec un sens de la tragédie. César est un mémorialiste écrivant à des fins politiques.

Salluste (86-35) : Personnage important du Ier siècle, homme politique raté mais écrivain formidable. Il a été lieutenant de César, a participé à certaines campagnes, puis devient gouverneur de la nouvelle province d'Afrique. Il y rédige deux œuvres essentielles : la conjuration de Catilina. Il suit Thucydide dans la recherche de la vérité. La guerre de Jugurtha, aussi, roi numide qui s'est soulevé.

Tite-Live (59-17) : il a rédigé une œuvre fort mutilée, connue uniquement par des résumés, les périoches. Son œuvre se veut un manuel d'histoire pour les romains.

Appien (95-?) : En tant que fonctionnaire, il a eut accès aux archives et donc il nous apporte des informations précieuses pour écrire une histoire romaine en grec en 24 livres. 14 sont perdus. Mais notamment les 5 livres sur les guerres civiles du Ier siècle ont été conservés. Ce n'est pas un grand historien, mais ses informations sont de premières mains sur les peuples que Rome a eut à combattre ou à soumettre. C'est un grec rallié à Rome, qui justifie donc l'impérialisme romain.

Dion Cassius (163-235), originaire de Bithynie au Nord de l'Asie Mineure. C'est un aristocrate, deux fois consul, homme d'Etat riche. Il a écrit une histoire romaine en 80 livres qui couvrent l'histoire des origines à 229. Il en reste les livres 36 à 60, ceux qui couvre la période 68av-47ap. Donc des informations sur la fin de la république. Le reste est connu par des résumés byzantins du XIe et XIIe : Xiphillin et Zonaras. Les livres 50-51 parlent de la bataille d'Actium.

Cornelius Nepos : Quelques biographies

Plutarque : Homme de lettre grec de Chéronée en Béotie qui a vécu sous le règne de Trajan. Il est l'auteur des vies parallèles, biographies qui à un grand homme grec oppose un grand homme romain. Biblio de Marius et Sylla T6, Luculus et Crassus T7, Pompée T8, César T9, Les Gracques T11, Cicéron T12, Marc Antoine T13.

A ajouter l'épigraphie, bien moins nombreuse que sous l'empire

5) Pourquoi l'étude des années 133 à 31 ?

Les deux derniers siècles de la République sont considérés comme fondamentaux. Rome évolue pour les siècles à venir. Ils conduisent à la mise en place d'un nouveau système politique et économique appelé à remplacé la République : l'Empire. En quoi cette période présente-t-elle tant d'intérêt ?
202 est une date qui marque la victoire de Rome sur son concurrent le plus évolué et le plus dynamique : Carthage. C'est la première victoire hors de Rome qui met fin à la Deuxième Guerre Punique. Rome devient la puissance du bassin occidental de la méditerranée, cela sans partage. Elle n'est alors plus menacée sur son territoire.
Cette assurance de tranquillité lui permet d'adopter une politique agressive face aux puissances du bassin oriental de la méditerranée : les monarchies hellénistiques, celles qui règnent sur la Grèce Occidentale (les Antigonides), en Asie mineure (les Attalides), en Syrie (les Sélucides).
Dans les conflits, partout Rome intervient pour son propre intérêt uniquement. Cette attitude se développe dans la période 202-133. Certains historiens parlent d'impérialisme pour cette période, anachronisme certes, mais bien représentatif.
Cet impérialisme se traduit par les conquêtes de la Macédoine et de la Grèce entre 200 et 167. Les destructions des villes de Corinthe et de Carthage la même année en 146 correspond à la mainmise sur une partie de l'Espagne et sur le royaume de Pergame des Attalides (Il s'agit là d'un héritage).
Cette expansion inaugurée au début du IIIe siècle se poursuit dans notre période. Ces conquêtes ont entraîné de profondes mutations dans la vie politique, dans la composition économique et dans son organisation sociale. Des historiens parlent de crise de croissance d'un régime qui ne sait comment répondre à son expansion. Cela entraîne une succession de crise qui conduiront la République à sa perte.
Il y a une crise agraire et sociale, une crise politique dans le fonctionnement même des institutions qui ne sont plus adaptées à l'immensité des régions dominées. Aussi, une crise des valeurs traditionnelles du peuple romain, peuple de paysans, incultes. Ce mode ancestrale va se confronter vers les modes de vie de civilisations plus évoluées. Il y a contamination hellénistique qui provoque un changement dans les mœurs.
C'est aussi une période ou la stabilité politique existe parce que le sénat romain, assemblée d'aristocrates, tient encore fermement les rennes de l'Etat, conservateurs et hostile à toutes réformes. En ce sens, le premier tournant historique sous la République se situe en 133 avec la venue au premier plan de Tiberius Gracchus. Il a une action réformatrice qui va bouleverser le fragile équilibre politico-sociale qui prévalait depuis 202.

31 est un tournant militaire et politique : le général Octave triomphe de son rival Marc-Antoine, devient le maître du bassin méditerranéen et inaugure l'empire.
Se développe alors une période tourmentée, faite d'assassinats, de violations constantes de la constitution, de mutations profondes sociales avec des conquêtes sur fonds de guerre civiles. C'est aussi la période de la mobilisation du peuple romain et italien dans des armées omniprésente au service non plus de la République, mais de ses généraux.
C'est le passage d'un ordre ancien à un ordre nouveau en l'espace d'un siècle.

samedi 2 juin 2007

Les guerres médiques(2/2)

Seconde Guerre Médique

Xerxès, encouragé par les exilés d'Athènes nombreux à sa cour et son oncle Artabane, préparera une expédition punitive contre les Grecs en 480 avant Jésus-Christ. Il réprimera avec une très grande violence les révoltes d'Égypte et de Babylone, avant de planifier, à partir de 484/483 avant Jésus-Christ, l'invasion de la Grèce. Il encouragera Carthage à s'attaquer aux Grecs de Sicile et d'Italie, afin de les priver de leur aide éventuelle. La simultanéité des expéditions de Xerxès et des Carthaginois sur Agrigente et Syracuse, en 480 avant Jésus-Christ, patiemment mise au point.
Les Carthaginois seront vaincus sur terre et sur mer à Himère par Gélon de Syracuse. Ce dernier, qui semble avoir eu des exigences démesurées pour prix de son aide, n'aidera pas les Grecs du continent, tandis que la Locride et surtout la Béotie, avec Thèbes, se rangeront du côté des Perses. Le projet d'invasion choisi sera celui de Mardonios, le fils d'une soeur de Darius Ier, donc un cousin de Xerxès Ier. Le général perse reprendra à son compte le projet d'invasion par la terre, en passant par la Thrace et la côte macédonienne. Il demandera de disposer d'un corps d'armée terrestre très important, ravitaillé par une flotte également chargée d'éviter les contre-attaques de la flotte grecque sur les arrières de l'armée perse.
Les Perses feront creuser un canal de 2.4 kilomètres pour traverser l'Isthme de l'Acté et éviter les fréquentes tempêtes dans la région du mont Athos, tandis que des ponts seront construits sur le Strymon par des détachements d'éclaireurs. Les Phéniciens et les Égyptiens devront construire un double pont de bateaux sur l'Hellespont, depuis Abydos jusqu'à un promontoire situé entre Sestos et Madytos. Le premier pont sera composé de 360 navires et le second de 314, ancrés et liés bord à bord par des cordes. Les cités de Doriscos, Eion et Therma, situées respectivement aux débouchés des vallées fertiles de l'Hèbre, du Strymon et de l'Axios ainsi que Leukè aussi sur l'Hellespont et Tyrodiza, seront sélectionnées pour centraliser l'approvisionnement et assurer la logistique.
Hérodote parlera d'une armée perse composée de plus de 500.000 marins, 1,7 millions de fantassins et environ 80.000 cavaliers. «L'Asie s'est vidée de tous ses mâles» écrira Eschyle dans sa tragédie Les Perses.
Les historiens contemporains retiennent des chiffres de 75.000 à 300.000 soldats perses, 20.000 à 60.000 cavaliers et une flotte composée d'environ 1.200 trières, fournies essentiellement par les Phéniciens, les Égyptiens et les Ioniens
Les effectifs des armées grecques sont estimés à un chiffre compris entre 7.000 et 35.000 hoplites, assistés d'environ 40.000 d'armes plus sommairement équipés. Les Grecs, qui ne possèdent pas de cavalerie, ne disposeront que d'environ 380 trières composées d'environ 150 rameurs, une dizaine d'officiers, une dizaine d'hommes d'équipage et environ 15 soldats.
La flotte perse se rassemblera dans les rades de Phocée et de Kymè, en Ionie, tandis que les troupes terrestres hiverneront à Sardes et à Cristalla, en Cappadoce. L'armée se mettra en ordre de marche au printemps 480 avant Jésus-Christ, à l'arrivée de Xerxès et de ses troupes d'élite. Elle rejoindra Abydos pour franchir les ponts de bateaux. Selon les sources grecques, le pont de droite sera utilisé par les fantassins et les cavaliers, celui de gauche par les valets, esclaves et bêtes de somme. La tradition rapporte que ce passage durera sept jours et sept nuits. L'armée se dirigera ensuite vers Sestos puis Doriscos, où s'opèrera la jonction avec la flotte.
La plupart des cités grecques, rassurée par la victoire athénienne de Marathon, seront secouées par des querelles intestines. Athènes tentera vainement de s'emparer de sa rivale Égine de 487 à 486 avant Jésus-Christ, tandis que Sparte poursuivra sa politique hégémonique dans le Péloponnèse, devenant ainsi la cité la plus puissante de la Grèce. Les démocrates, revenus au pouvoir après Marathon, Xanthippe, le père du futur Périclès, et Aristide, plus modéré et qui possède le soutien de quelques aristocrates s'affronteront.
Thémistocle, nommé archonte en 493/492 avant Jésus-Christ, puis stratège trois ans plus tard, décidera de la construction du port profond et abrité du Pirée, en remplacement de la mauvaise rade de Phalère, et la mise ne chantier d'une grande flotte permanente qui permettra de se protéger contre Égine, qui abrite de nombreux pirates, et de commercer au delà de l'Hellespont ou vers la Grande Grèce (Sicile et sud de l'Italie). Le financement des trières sera assuré par les mines d'argent du Laurion, au sud-est d'Athènes, découvertes en 483 avant Jésus-Christ. Les cent citoyens les plus riches recevront chacun un prêt d'un talent pour construire et armer un navire. Cent talents seront offerts à 50 naucraries (regroupement de citoyens) qui devront construire et entretenir deux trières. Athènes possèdera environ 200 trières prêtes à prendre le large en 480 avant Jésus-Christ.

Bataille des Thermopyles
Les cités grecques se réuniront à Corinthe à la fin de l'automne 481 avant Jésus-Christ. La menace perse favorisera l'alliance entre Athènes et Sparte. La première craint la vengeance des Perses tandis que la seconde apprendra qu'Argos, est contactée par les envoyés de Xerxès. Toutes les grandes cités grecques, à l'exception de Cyrène, Argos, Syracuse, Corcyre et Massalia, enverront des représentants au temple de Poséidon à Corinthe. Sparte, la plus puissante des cités, présidera le congrès qui débouchera sur une réconciliation générale et la création d'une coalition de 31 cités qui s'engageront, par serment, dans une ligue défensive contre les Perses.

Le commandement des troupes sera confié à deux Spartiates, le roi Léonidas Ier pour les fantassins et Eurybiade pour la flotte. Les Grecs, qui tergiversent sur le plan de campagne, ne pourront s'opposer à la conquête de la Thessalie par les troupes perses au printemps 480 avant Jésus-Christ.
Les Grecs mettront en place au mois d'août une position défensive très importante aux Thermopyles (les Portes Chaudes, à cause des sources thermales qui s'y trouvent), région qui commande l'accès à la Béotie et à la Grèce centrale, tandis que les Perses envahissent la Piérie. La flotte grecque mouillera au nord de l'Eubée, en un lieu nommé l'Artémision, afin d'empêcher la flotte perse de contourner cette position.
Les Perses, pour garder le contact avec leur flotte, doivent emprunter la seule route importante qui passe par les Thermopyles, entre le golfe Maliaque et la montagne. Ils devront emprunter un défilé, par endroit large d'une dizaine de mètres, barré par les vestiges d'un mur construit en zigzag. Les nombreux marais constituent un obstacle supplémentaire.
Les troupes de Xerxès feront mouvement vers le sud en quittant la Thessalie. Les fantassins, partis de Therma, arriveront 13 jours plus tard dans la plaine trachinienne, entre la vallée de l'Asopos et la cité d'Anticyre. La flotte perse s'élancera une dizaine de jours plus tard, afin d'arriver en même temps que les troupes terrestres. Eurybiade, devant l'ampleur de la flotte perse, quittera l'Artémision et longera le canal d'Eubée pour occuper l'étranglement de Chalcis. Il laissera ainsi Léonidas à la merci d'un débarquement sur ses arrières. Cette manoeuvre encouragera les Perses à progresser plus au sud que prévu et mouiller au cap Sépias, près d'une côte rocheuse et escarpée, mal protégée et qui empêchent d'amarrer solidement de nombreux navires. Une violente tempête de trois jours va en détruire environ 400 et plusieurs milliers d'hommes seront noyés.
Xerxès, bénéficiant encore de la supériorité numérique, ne pourra plus demander à ses forces navales de convoyer l'armée tout en livrant combat à la flotte grecque. Eurybiade quittera alors Chalcis pour regagner l'Artémision. Il fera demi-tour en constatant la supériorité numérique perse.
Achéménès, l'un des demi-frères de Xerxès et amiral de la flotte perse, détachera une escadre de 200 navires et 40.000 hommes environ pour contourner l'Eubée par la haute mer, tandis que le reste de sa flotte s'installe au mouillage des Aphètes, plus sûr que celui du cap Sépias.
Prévenus de cette manoeuvre qui leur interdit la fuite par le canal de l'Eubée au sud, et du nouveau mouillage, les Grecs lanceront une attaque surprise sur les Ioniens alliés des Perses et couleront une trentaine de navires avant de regagner l'Artémision.
Une nouvelle tempête causera la destruction totale de l'escadre perse envoyée pour contourner l'Eubée.
Les troupes de Léonidas, qui résisteront aux Perses, leur infligeront d'importantes pertes, y compris aux troupes d'élites de Xerxès, les Immortels. Trahi par un certain Éphialtès, fils d'Eurydémos, un citoyen de Malia qui livrera aux Perses le moyen de contourner l'armée grecque par le sentier d'Anopée, Léonidas se sacrifiera avec les 300 hoplites Spartiates, ainsi que 700 soldats des cités de Thèbes et de Thespies. Il laissera aux Grecs le temps d'organiser leur défense et à l'armée de se retirer en bon ordre en résistant héroïquement avant d'être massacrés sur ordre de Xerxès. Cette bataille deviendra le symbole de la résistance grecque à l'envahisseur et de l'esprit de sacrifice des Spartiates. On érigera un mausolée au sommet du Kolonós, théâtre de l'ultime résistance spartiate, sur lequel sera inscrit une phrase du poète Simonide de Céos (556/467 avant Jésus-Christ) : "Passant, va dire à Sparte qu'ici ses fils sont morts pour obéir à ses lois".
Xerxès prendra possession en s'emparant des villes de Béotie. Thèbes ternira sa réputation par une reddition sans gloire. Les Perses, arrivés en Attique, progresseront en direction d'Athènes alors dépourvues de remparts. La population sera évacuée, notamment à Égine, Trézène et Salamine sous l'impulsion de Thémistocle, tandis que les bannis seront rappelés par l'annulation des décrets d'exil pour des raisons politiques. Cimon, le fils de Miltiade et l'un des adversaires de Thémistocle, dépose son ex-voto sur l'Acropole pour bien signifier que le temps de "l'Union Sacrée". Athènes abandonnée de ses habitants à l'exception de quelques centaines d'irréductibles qui souhaitent défendre l'Acropole et qui payeront ce geste de leur vie, sera rasée.
La flotte grecque, au mouillage à l'Artémision lors du déclanchement de la bataille des Thermopyles, devra repousser un assaut de la flotte de Xerxès au cours d'une bataille indécise. Plusieurs dizaines de navires seront perdus. Les chefs grecs décideront unanimement de quitter l'Artémision discrètement dans la nuit. La flotte, dirigée par Eurybiade, empruntera le canal de l'Eubée et naviguera vers le sud.
La défaite des Thermopyles, la soumission de la Béotie et la prise d'Athènes sèmeront le découragement chez les Grecs. Cléombrote Ier, le frère de Léonidas et roi des Spartiates, ne songera qu'à protéger le Péloponnèse par la construction d'un mur vers l'Isthme de Corinthe. La flotte s'installera à Salamine, à la demande de Thémistocle. La défense de l'Isthme de Corinthe et du golfe de Salamine, impliquera l'abandon de l'Attique.

Bataille de Salamine
Thémistocle, qui imposera sa stratégie contre l'avis d'Eurybiade, décidera de combattre dans la rade étroite de Salamine, où les Perses ne pourront pas entreprendre de manoeuvre d'encerclement par les ailes. Cette passe étroite, dans laquelle les navires ennemis se gêneront mutuellement, permettra un abordage ou un éperonnage par les solides trières grecques.
Thémistocle sera également persuadé que l'armée perse, privée de sa flotte, fera demi-tour. Il tiendra les propos suivants, rapportés par Plutarque : "Vous ne parviendrez jamais à arrêter sur terre le flot de cette immense armée. Ce qu'il faut c'est lui couper les vivres en anéantissant sa flotte de transport. Réduite à la famine, elle n'aura plus d'autre choix que de faire demi-tour. C'est votre seule chance de salut".
Eurybiade, soutenu par les Corinthiens, deuxième flotte de la coalition, souhaitera rapprocher les navires grecs des forces terrestres afin d'entreprendre des actions combinées. Le plan de Thémistocle sera soutenu par Egine et Mégare, directement menacées en cas de repli sur l'Isthme de Corinthe.
Thémistocle, selon Plutarque et Hérodote, utilisera la ruse et fera parvenir un message à Xerxès, par l'intermédiaire d'un grec probablement originaire d'Ionie nommé Sicinnos, l'informant du désir de fuite d'une partie des généraux grecs par la passe occidentale de la baie d'Éleusis encore libre.
Une partie de la flotte perse terminera l'encerclement des Grecs et s'emparera de l'îlot de Psyttalie afin de recueillir les équipages perses et achever les Grecs lorsque la bataille éclatera.
La flotte grecque, composée d'environ 380 trières, devra affronter entre 500 et 600 navires perses qui achèveront dans la nuit l'encerclement de l'île de Salamine. Aristide, arrivé d'Égine après avoir traversé les lignes perses, informera Eurybiade et Thémistocle que le blocus est total et que les possibilités de retraite coupées.
L'étroitesse du détroit doit annihiler la supériorité numérique des Perses qui ne pourront aligner plus de navires de front que les Grecs. Ces derniers, qui s'installeront légèrement en deçà du détroit pour attirer les navires perses dans le goulet d'étranglement, ne devront pas trop reculer pour redonner l'avantage de la supériorité numérique à leurs ennemis. Ils devront également éviter un débarquement perse à Salamine, où s'est réfugiés un nombre important d'Athéniens, protégés par un détachement d'hoplites commandés par Aristide.
Peu avant l'aube du 29 septembre 480 avant Jésus-Christ, Xerxès s'installera le trône qu'il s'était fait installé sur les pentes du mont Aegalée qui dominent le détroit, entouré de ses ministres et officiers, ses secrétaires chargés de noter les actions d'éclat et les fautes à châtier, et de sa garde d'Immortels. Les Phéniciens des flottes de Tyr et Sidon, dirigés par les généraux perses Mégabaze et Prexaspe, feront mouvement à droite. Le corps de bataille du centre, dirigé par le demi-frère de Xerxès, le Grand Amiral Achéménès, rassemblera les flottes de Cilicie et de Lycie. L'aile gauche, qui réunira celles d'Ionie, du Pont et de Carie, sera commandée par un prince achéménide, Ariabignès. La reine d'Halicarnasse Artémise Ire, la seule ayant osé conseiller à Xerxès d'éviter le combat, combattra à ses cotés.
Les Perses débuteront le combat par une fausse manoeuvre décrite ainsi par Diodore de Sicile :
"Les navires perses gardèrent leur rang tant qu'ils voguaient au large, mais en s'engageant dans le chenal ils furent obligés de faire sortir de la ligne quelques-uns de leurs navires, ce qui entraîna une grande confusion".
Désorganisés dès le début de la bataille, les Perses devront affronter la flotte grecque parfaitement alignée dans l'étranglement du détroit de Salamine et dans les deux chenaux ménagés par l'îlot de Psyttalie, entre Salamine et l'Attique.
L'aile droite grecque, dirigée par Eurybiade et constituée des navires lacédémoniens, corinthiens et éginètes, reculera provisoirement sous les huées des civils massés sur les rivages de l'île de Salamine. Thémistocle, qui dirige le reste de la flotte constituée au centre des navires de Mégare, Chalcis, dispose sur l'aile gauche une flotte homogène d'environ 120 trières athéniennes opposées à de vieux Phéniciens. Hérodote racontera ainsi le déclenchement de cette bataille :
- "L'Athénien Aminias de Pallène, voguant en dehors de la ligne, heurta un vaisseau perse et ne put se dégager. Le reste de la flotte se portant à son secours, la mêlée commença. Mais, d'autre part, les Eginètes prétendent que ce fut le vaisseau envoyé à Égine qui engagea la lutte".
Les Athéniens et Eginètes seront les plus ardents des Grecs lors de la bataille. Les Grecs d'Ionie, surveillés par Xerxès Ier réputé pour sa sévérité dans la répression des lâches ou des incapables, se battront avec acharnement aux cotés des Perses. Des marins de Samos comme Théomestor ou comme Phylacos, le fils d'Histiée, couleront plusieurs navires grecs et recevront de nombreuses récompenses de Xerxès.
La combativité des Grecs d'Ionie et des Phéniciens face à Thémistocle, sur l'aile gauche, ne suffira pas à compenser l'erreur initiale des navires perses qui présenteront, pour nombre d'entre eux, le flanc au lieu de la proue au cours d'affrontements à l'éperon. Une brise marine, qui ne gênera pas les navires grecs dont les superstructures sont peu élevées, désavantagera alors nettement les bateaux phéniciens dont la poupe est haute et le tillac surélevé.
Le désastre perses sera consommé lorsque la flotte de Xerxès perdra son commandant en chef Ariabignès, le frère de Xerxès Ier, tué par un javelot en montant à l'abordage d'une trière grecque. Son corps sera repêché par la reine Artémise d'Halicarnasse, qui le portera à Xerxès. La souveraine n'hésitera pas, pour se dégager, à couler le navire de Damasithymos, roi de Calynda en Lycie. Xerxès, convaincu qu'elle avait couler un navire grec, dira alors : "Mes hommes sont devenus des femmes et mes femmes des hommes".
Le reflux des bateaux perses s'effectuera dans le désordre le plus complet à la fin de la journée, à l'issue d'une bataille de douze heures. Aristide, à la tête d'un détachement d'hoplites, débarquera sur l'îlot de Psyttalie et anéantira les troupes que Xerxès en poste depuis la nuit précédente. Les Athéniens s'empareront dans la soirée du trône de Xerxès, que l'on installera des années dans le Parthénon.
La flotte perse, démoralisée par ce désastre, se réfugiera à Phalère, sous la protection de l'armée de terre. Les navires égyptiens, qui avaient contourné l'île de Salamine par le sud pour bloquer l'entrée ouest du détroit, rentreront sans être inquiétés.


Les lendemains de Salamine
La situation après la défaite de Salamine ne sera pas pour autant désespérée pour les Perses. Leur armée de terre sortira intacte du conflit, si l'on excepte les faibles troupes massacrées sur l'îlot de Psyttalie par les hoplites d'Aristide. La flotte perse, en dépit de ses pertes, restera supérieure en tonnage à celle des Grecs et les ressources de l'empire permettent la construction de nombreux navires. Pour les Grecs, la destruction des chantiers de l'Attique sera une perte irremplaçable.
Xerxès Ier, qui laissera le commandement de son armée à Mardonios, son beau-frère, après la bataille, retournera vers ses capitales Suse et Persépolis. Il sauvera les apparences en disant que son principal objectif, à savoir la destruction d'Athènes, avait été atteint. sera une perte irremplaçable.
Les vainqueurs, surpris par l'inaction des Perses, ne semblent pas comprendre l'ampleur de leur succès et ne tentent pas de couper la route de l'Asie à Xerxès en traversant l'Égée.

Bataille de Platées
Mardonios déclarera, après Salamine : "Les Chypriotes, les hommes de Phénicie, de Cnide et d'Égypte, seuls étaient vaincus, non les Perses qui n'ont pu combattre". Estimant impossible la poursuite des opérations à l'approche de la mauvaise saison, le général perses prendra ses quartiers d'hiver en Thessalie. Il tentera de faire alliance avec les Athéniens et enverra ambassade dans la capitale attique, conduite par un prince de Macédoine, Alexandre. Inquiets les Spartiates enverront également une ambassade afin de contrer l'argumentation des Perses. Elle est reçue fraîchement par des Athéniens furieux qu'on mette en cause leur détermination. Ils diront alors que "le fait d'être Grec, de partager le même sang et la même langue, d'avoir des sanctuaires et des sacrifices communs ainsi que des moeurs semblables" leur interdit la trahison.
< class="titre1">Le cap Mycale

La victoire grecque sera parachevée par la victoire navale de Mycale, à l'automne 479 avant Jésus-Christ. Les navires de la flotte perse non détruits à Salamine et tirés à terre près du cap Mycale, seront incendiés au cours d'une attaque menée par les Grecs. Les Grecs, en particulier les Athéniens conduits par le stratège Cimon, se lanceront alors à la conquête des positions Perses en Chéronèse, sur l'Hellespont et dans les îles de la mer Égée. La prise de Sestos en 478 avant Jésus-Christ, ville d'où Xerxès Ier était parti à la conquête de la Grèce trois ans plus tôt, sera le symbole de la nouvelle domination grecque sur la région. La Paix de Callis, officiellement signée qu'en 449 avant Jésus-Christ, inaugurera la période la plus glorieuse de la Grèce antique en particulier pour Athènes.
L'invasion de l'empire perse par Alexandre sera présentée par celui-ci comme une revanche des Grecs un siècle et demi après la fin des guerres médiques.


Sources
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique.
Hérodote, Histoires.
Plutarque, Vie de Thémistocle.
M.-C Amouretti et F.Ruze, Le Monde grec antique, Hachette-Université, 1978.
E.Will, Le Monde grec et l'Orient, tome I : le Vème siècle, Collection "Peuples et Civilisations", P.U.F., 1980.
E.Glatre, Salamine et les Guerres Médiques, collection "les grandes batailles de l'Histoire", Socomer, 1990.

Les guerres médiques(1/2)


La révolte de l'Ionie
La révolte de l'Ionie naîtra de la volonté de Darius Ier de contrôler les sources d'approvisionnement en blé et en bois de construction navale de la Grèce. Appuyé par des contingents grecs ioniens, le souverain s'attaquera dans un premier temps aux Scythes, important royaume situé en Russie méridionale qui entretenait d'intenses relations commerciales avec les Grecs et contrôlait la route du commerce de l'or extrait des monts Oural et de Sibérie. L'armée perse, victime de la stratégie de la terre brûlée menée par les Scythes, échappera au désastre et à l'encerclement grâce à la loyauté du contingent grec, qui gardera le pont sur le Danube (Ister).
Darius annexera la Thrace. Le roi Amyntas Ier de Macédoine reconnaîtra la suzeraineté de la Perse en 513 avant Jésus-Christ. L'île de Samothrace tombera sous le joug perse cinq années plus tard. Athènes sollicitera l'alliance achéménide au cours de la même période.


Les origines de la révolte
Les douze riches cités grecques d'Ionie (Milet, Éphèse, Phocée, Clazomènes, Colophon, Priène, Téos, Chios, Samos, Érythrée, Myonte et Lebedos), ainsi que les cités de l'Éolie situées au nord-ouest de l'Ionie, dont Smyrne, seront vaincues par Harpage, général de Cyrus II, vers 540 avant Jésus-Christ. Milet, épargnée grâce à son traité d'amitié, sera le berceau du soulèvement de 499 avant Jésus-Christ.
L'aspiration à la liberté sera théorisée par Aristagoras de Milet qui rassemblera les cités ioniennes. L'objectif de reprendre Byzance et Chypre aux Perses incitera les Grecs d'Asie à la révolte, qui sera préparée en secret à Naxos et à Milet. Le tyran de cette dernière, Histiée, sera retenu à Suse par Darius. Son gendre Aristagoras, neveu d'un ancien tyran de la ville, dirigera la cité en son absence. Il fera alliance avec les Perses pour reprendre Naxos (500 avant Jésus-Christ), avant de se brouiller avec leur général. Histiée lui demandera alors de se révolter contre Darius.
Les Milésiens se réuniront en conseil pour décider du soulèvement. Hécatée, un prédécesseur d'Hérodote, sera le seul à s'opposer au projet. Aristagoras, qui conduira le soulèvement en 499 avant Jésus-Christ, s'emparera de plusieurs navires perses et phéniciens et proclamera l'égalité des cités ioniennes. Il se rendra en Grèce continentale au cours de l'hiver pour solliciter une aide militaire. Sparte est alors divisée par la rivalité des deux rois Cléomène Ier et Démarate et Athènes se remet à peine des convulsions qui suivront la mise en place des réformes de Clisthène. Cette dernière fournira malgré tout vingt bateaux et Erétrie cinq, par reconnaissance pour Milet qui l'avait jadis aidée contre Chalcis.
Les Perses mettront six ans pour vaincre les Ioniens qui remporteront les premiers combats. La flotte grecque anéantira la flotte phénicienne sur les côtes de Pamphylie, vers 498 avant Jésus-Christ. Charopinos, frère d'Aristagoras, sera appuyé par le contingent athénien pour détourner l'armée perse qui se préparait à assiéger la ville de Milet et ravager Sardes. Le satrape Artaphernês les vaincra à leur retour sur les hauteurs d'Éphèse, au printemps 498 avant Jésus-Christ. Le corps expéditionnaire grec rentrera alors au pays.
Le soulèvement gagnera Chypre à l'automne 498, à l'exception de Kition, ainsi que la Propontide et l'Hellespont jusqu'à Byzance. La Carie se révoltera à son tour. Darius Ier, à la tête de trois armées et d'une flotte nouvelle, écrasera la révolte à Chypre, puis dans les cités de l'Hellespont, au cours de l'année suivante. Les Cariens seront vaincus sur le fleuve Marsyas à l'automne 497, malgré l'aide des Milésiens, puis à Labraunda, au cours de l'été 496 avant Jésus-Christ.
Aristagoras s'enfuira Thrace où il décédera, tandis qu'Histiée deviendra pirate en mer Égée. Il sera tué peu après. Les Cariens infligeront une grave défaite aux Perses au cours de l'automne suivant, à Pédassos.
Les Cariens ne déposeront définitivement les armes qu'en 494 avant Jésus-Christ, à l'issue de longues négociations. Isolée, Milet sera encerclée par les Perses la même année. Une bataille navale opposant environ 350 navires grecs à 600 navires phéniciens, égyptiens et chypriotes se déroulera au large de l'île de Lade durant l'été 494. La flotte grecque sera anéantie et la cité sera rasée peu après. Sa population déportée sur les berges du Tigre, en Mésopotamie. Les Perses soumettront les dernières villes et îles rebelles (Chios, Lesbos et Tenédos) en 493 avant Jésus-Christ, ainsi que les côtes de l'Hellespont et de la Chalcédoine.

Première Guerre Médique
Darius Ier, qui se rappelle de l'aide apportée par Athènes et Erétrie à Milet, préparera une expédition punitive contre la Grèce continentale. Il demandera à son gendre Mardonios de reprendre en main la Macédoine et la Thrace, théoriquement soumises mais privées des garnisons perses qui avaient été évacuées lors de la révolte de l'Ionie. Mardonios rassemblera sa flotte et son armée en Cilicie au printemps de 492 avant Jésus-Christ, franchira l'Hellespont et traversera la Thrace et la Macédoine. La flotte, qui soumettra Thasos, suivra la côte européenne jusque vers Acanthos. Elle perdra la moitié de ses navires au cours d'une violente tempête au moment de doubler le cap du Mont Athos. Une attaque de tribus de Païoiens surprenant le campement perse fera de nombreuses victimes supplémentaires. Mardonios donnera alors l'ordre de la retraite.
L'année 491 avant Jésus-Christ sera consacrée aux préparatifs militaires et diplomatiques d'une offensive perse. De nombreuses cités grecques recevront des ambassadeurs demandant leur soumission. Certaines s'exécuteront, tandis qu'Athènes et Sparte mettront à mort (selon Hérodote) les ambassadeurs perses, sans toutefois anticiper la future offensive.
L'armée perse de 25.000 à 50.000 hommes, dirigée par les généraux Artaphernês (armée de terre) un neveu de Darius et Datis (flotte), traversera directement la mer Égée pour rejoindre l'Eubée et l'Attique, après avoir pris le contrôle de Naxos et Délos. Elle ravagera Carystos, à la pointe méridionale de l'Eubée, qui refusera de se soumettre, puis Erétrie, abandonnée par ses alliés athéniens. Sa population sera déportée à Ardéricca près de Suse.


La bataille de Marathon
L'armée perse, conseillée par l'ancien tyran d'Athènes Hippias, débarquera début septembre 490 sur la plage de Marathon, à environ 42 kilomètres d'Athènes. Les hoplites athéniens (environ 10.000 hommes) seront conduits par le stratège Miltiade. Les Perses décideront d'attaquer Athènes par terre et par mer le 13 septembre. Une partie des troupes perses, y compris la cavalerie, embarquera pour Phalère et atteindre ainsi rapidement l'Acropole. Les autres troupes franchiront le Charadra, petit ruisseau qui traverse la plaine de Marathon, afin de couper la route de l'armée athénienne vers la cité.
Cette dernière, appuyées par leurs alliés de la cité de Platées, attendront les renforts promis par Sparte du haut du Pentélique et du Parnès. Ils décideront d'affronter les Perses dans la plaine de Marathon, avant de regagner Athènes pour la protéger.
Miltiade, l'un des dix stratèges athéniens, connaît la faiblesse de l'armée perse pour avoir combattu à ses cotés lors de l'offensive contre les Scythes. Cette dernière est composée de soldats d'origines différentes, ne parlant pas les mêmes dialectes et n'ayant pas l'habitude de combattre ensemble. L'armement perse, composé de boucliers en osier et de piques courtes, ne permet pas les combats au corps à corps.
Les hoplites grecs, protégés par un casque et une cuirasse sont armés d'une épée et d'une longue lance. Ils combattent en rangs serrés (phalange) en formant une muraille avec leurs boucliers.
Miltiade demandera à Callimaque le Polémarque d'étendre la ligne des soldats grecs, afin de ne pas être submergé par le nombre, et de renforcer les ailes au détriment du centre, afin d'attaquer les flancs de l'armée perse et l'envelopper. Le maillon faible des Perses remontera dans la panique à bord des navires, tandis que le centre des Grecs cèdera. Les troupes grecques disposées sur les ailes prendront alors en tenaille et anéantiront le centre de l'armée perse qui comptera 6.400 tués et noyés. Sept navires de leur flotte seront détruits, tandis que les Athéniens ne perdront environ que 200 citoyens.
Les hoplites grecs parviendront à Athènes environ une heure avant la flotte ennemie qui aura besoin d'une dizaine d'heures pour doubler le cap Sounion et atteindre Phalère. Les Perses, comprenant leur défaite, renonceront à débarquer.
Cette victoire stratégique, symbolique pour les Grecs, conférera un grand prestige à Athènes. Pour les Perses, qui soumettront la plupart des îles de la mer Egée au pouvoir de Darius au cours de cette expédition, cette défaite ne sera qu'un échec mineur que Darius voudra réparer rapidement. Une révolte en Égypte, dirigée par le satrape Aryandès, l'empêchera de repartir en Grèce. Décédé en 486 avant Jésus-Christ, il sera remplacé par son fils Xerxès Ier.



Athènes, naissance d'une démocratie(2/2)

Fonctionnement de la démocratie athénienne

La citoyenneté athénienne

Jusqu'en 451, pour être citoyen athénien, il faut être un homme né de père athénien, et avoir suivi l'éphébie de 18 à 20 ans, c’est-à-dire être capable de défendre la cité. L'éphébie est en effet une formation militaire et civique qui permet à la cité d'assurer sa défense sans avoir d'armée permanente ; elle prémunit aussi la ville des risques de tyrannie. En 451 av. J.-C., Périclès modifie la loi et accorde la citoyenneté à la seule condition d'avoir un père et une mère citoyens.

Les esclaves et les femmes considérés respectivement comme des biens et d'éternelles mineures, ainsi que les métèques (étrangers) furent exclus de la communauté politique, comme dans la plupart des cités grecques. Cependant, si un métèque non barbare(c’est-à-dire grec) accomplissait de hauts faits pour la cité, il pouvait recevoir à titre exceptionnel et en remerciement de ses actions la citoyenneté athénienne, moyennant finances bien sûr. Une telle décision ne pouvait être prise qu'à la suite d'un vote de l'Ecclésia réunissant 6000 citoyens. On imagine donc sans mal l'importance et la rareté de ces naturalisations.

La citoyenneté conférait bien évidemment un pouvoir politique, mais aussi une protection judiciaire (les citoyens ne pouvant ni être torturés sans poursuite ni être condamnés à la torture) et un avantage économique : seuls les citoyens pouvaient avoir une propriété foncière. Ce privilège s'explique par l'histoire de la démocratie athénienne ; héritier d'un passé aristocratique, le régime considérait l'agriculture comme le seul travail digne d'un citoyen, et valorisa la vie de rentier.

En 451, Périclès restreignit l'accès à la citoyenneté aux seuls enfants de père et de mère athéniens unis par le mariage pour faire face à l'explosion du nombre de citoyens due aux unions entre athéniens et métèques, voire esclaves.


Les institutions politiques

Les institutions constitutives de la démocratie athénienne nous sont connues essentiellement grâce à la découverte inopinée, à la fin du XIXe siècle ap. J.-C. d'une Constitution d'Athènes attribuée à Aristote, et à ses disciples du Lycée, et rédigée aux environs de 330. Bien que la démocratie athénienne n'eut jamais de constitution écrite officielle, les rôles de ses institutions n'en demeuraient pas moins clairement connus et distincts les uns des autres, leur évolution faisait donc l'objet de subtiles luttes politiques.

C'était l'assemblée de citoyens qui se réunit sur la colline de la Pnyx. Elle vote les lois en général avec la présence de 5000 citoyens si l'on en croit Thucydide. Ces votes se font à main levée et à la majorité simple. N'importe quel citoyen peut prendre la parole (isegoria) et proposer une motion. C’est le propre de la démocratie directe. Une fois votée la loi est exposée au public sur l'Agora. Selon un processus similaire l'Ecclésia peut pour se protéger de la tyrannie voter une fois par an le bannissement d'un citoyen, c'est l'ostracisme, le nom venant du morceau de céramique(l'ostracon) sur lequel on inscrit le nom de la personne que l'on souhaite expulser. Cette réunion annuelle s'effectue après celle pendant laquelle les magistrats bouleutes et héliastes sont tirés au sort pour des mandats d'un an, elle nécessite la présence de 6000 membres, c'est le fameux quorum 6000. Cette pratique disparaîtra en 417, après avoir frappée une dizaine de grands hommes politiques athéniens.

La Boulè

La Boulè est le nom générique de conseils dans différents régimes grecs orthographié parfois Boulê. À Athènes, La Boulê était souvent appelée Conseil des Cinq Cents, car, à partir des réformes de Clisthène elle fut composée de 500 membres (bouleutes) à raison de cinquante par tribu. Les bouleutes sont tirés au sort parmi des listes dressées par chaque dème de citoyens volontaires âgés de plus de trente ans et renouvelés chaque année, un citoyen ne pouvant être au maximum que 2 fois bouleutes. Cette assemblée siège de façon permanente. La présidence et la coordination du travail sont assurées par les prytanes. Chaque tribu assure pendant un dixième de l'année (35-36 jours) la prytanie, c'est-à-dire la permanence. Le principal travail de la Boulé est de recueillir les propositions de loi présentées par les citoyens, puis de préparer les projets de loi pour pouvoir ensuite convoquer l'Ecclésia. La Boulé siège au Bouleuterion, bâtiment contigu au Tholos sur l'agora.

Les magistrats

Ils détenaient le pouvoir exécutif, c’est-à-dire géraient les affaires courantes et veillaient à l'application des lois. Parmi eux les 10 stratèges commandant l'armée et rééligibles élus, ainsi que les 9 archontes(littéralement, les « commandeurs ») tirés au sort parmi les citoyens de l'Ecclésia, et formant l'équivalent de nos gouvernements. Les magistrats doivent exercer leur pouvoir de manière collégiale et jamais de manière individuelle. Les magistrats et les ambassadeurs sont contrôlés à la fin de leur mandat. C'est la reddition de comptes. Cela permet aux Athéniens de contrôler efficacement les magistrats et d'éviter par la même occasion les dérives tyranniques.

La dokimasia est l'examen préliminaire que subissent les futurs magistrats pour limiter les effets malheureux du tirage au sort. Cet examen permet de vérifier que le candidat est bien citoyen, qu'il a bien l'âge minimum requis, qu'il n'a jamais occupé le poste et qu'il en est digne. Il se déroule soit devant l'Ecclésia, soit devant l'Héliée, soit devant les deux.

L'aréopage

L'Aréopage est une institution politique, précédant l'avènement de la démocratie et aux origines mythiques, qui eut pour but premier de « conserver les lois », c’est-à-dire de veiller au respect de la constitution, et ayant à cette fin des pouvoirs judiciaires très étendus. Il est formé d'anciens archontes, c’est-à-dire d'anciens nobles riches et puissants avant que ceux ne fut tirés au sort. C'est traditionnellement l'institution athénienne la moins démocratique et la plus aristocratique. Elle tient son nom de la colline d'Arès où siègent les aréopagites. Son emplacement, hors de l’Agora qui est le cœur de la cité, a une forte symbolique : le crime n'a, littéralement, pas le droit de cité.

Les réformes de Dracon permirent aux citoyens de former des recours auprès de l'Aréopage à l'encontre de magistrats les ayant lésés dans l'exercice de leurs fonctions. Celles de Solon renforcèrent encore le pouvoir de l'Aréopage, qui fît alors figure de conseil des Sages, protégeant la cité non seulement contre les menaces internes (et prévenant ainsi - paradoxalement - les complots ourdis contre la démocratie) mais aussi les menaces externes. À ce titre, l’Aréopage ne rendait compte de ses activités auprès d'aucune autre institution. Après les réformes de Clisthène et les guerres médiques, le pouvoir détenu par l'Aréopage devient donc prépondérant. Ephialtes et Themistocle travaillèrent de concert pour réduire cette influence au profit de l'Ecclésia, de la Boulê, et des nouveaux tribunaux de l'Héliée. Ainsi, après 462, l'Aréopage ne dispose plus de pouvoir politique mais fait figure de vénérable institution jugeant les crimes de sang et ayant un rôle dans les affaires sacrées

L'Héliée

Ce tribunal populaire était composé de 6000 citoyens, toujours âgé de plus de 30 ans et répartis en dix classes de 500 citoyens (1000 restant en réserve) tirés au sort chaque année pour devenir héliastes. L'accusation était toujours, en l'absence d'équivalent à nos « ministères publics », une initiative personnelle d'un citoyen. Celui-ci percevant, en cas de condamnation, une partie de l'amende, pour indemnisation et récompense de ses efforts pour la justice, certains citoyens firent de la délation leur métier, ce sont les sycopantes. Malgré des mécanismes limitant les dérives de ce système, celui-ci contribua à diviser la cité et servit d'argument fort au parti aristocratique contre le nouveau régime. Par un système compliqué et selon l'affaire, on désigne par tirage au sort (sous contrôle d'un magistrat instructeur) un plus ou moins grand nombre d'héliastes pour chaque procès. Ainsi, à titre d'exemple, pour un procès privé, 201 juges siégeaient normalement, 401 exceptionnellement. Pour les procès publics, ils étaient 501, 1001, voir 1501 juges. La tâche de juger était d'autant plus difficile qu'il n'y avait ni code de procédure, ni code pénal, offrant ainsi une grande liberté d'interprétation des lois (par ailleurs en nombre réduit).

De plus les verdicts étaient sans appel et immédiatement exécutoires, on comprend dès lors l'important rôle politique que les tribunaux de l'Héliée prirent. 200 réunions avaient lieu par an, chacune sous la présidence d'un magistrat qui ne prenait pas part au vote. Le tribunal des Ephètes (51 membres) fut celui qui a le plus accaparé les prérogatives de l’Aréopage, il pouvait siéger en quatre endroits différents selon les types d'affaires :

  • au Prytaneion, ils jugeaient tout ce qui a pu amener mort d'hommes (objets, animaux) ;
  • au Palladion, ils jugeaient les meurtres involontaires, les métèques et les esclaves ;
  • au Delphinion, ils jugeaient la légitime défense ;
  • à Phréattys(sur une plage), ils jugeaient les bannis qui ont connu un meurtre dans leur exil. L'accusé est alors sur une embarcation au large.

Équilibre et compétition entre l’Ecclésia et l’Héliée

Au cours du temps les tribunaux de l’Héliée ont pris le pas sur l'Ecclésia. En effet, en 416 la procédure de graphè para nomon(mise en accusation d'une loi) fut introduite, pour se substituer à la pratique de l'ostracisme utilisée pour la dernière fois l'année précédente. Elle permet à n’importe quel citoyen de faire examiner par un tribunal de l’Héliée toute loi ayant été voté par l’Ecclésia ou en cours de proposition par l’Ecclésia. Si la cour juge la loi ou la proposition de loi contraire aux lois générales de la cité, non seulement elle est annulée mais son auteur et l'épistate dirigeant les débats au moment de son adoption (ou proposition) sont passibles de lourdes sanctions, allant jusqu’à l'atimie. Si le tribunal était appelé pour juger une loi en cours de proposition et qu’il l’a déclaré compatible avec la Constitution, cela entraînait son adoption sans réexamen par l’Ecclésia. Le graphè para nomon offre donc plus qu’un rôle de conseil constitutionnel à l’Héliée, rôle auparavant détenu par l’Aréopage, l’Héliée devient au fil du temps un co-législateur, partageant le pouvoir législatif avec la Boulê et l’Ecclésia. Résultat : à partir de 355 les luttes politiques ne se tiennent plus sur la Pnyx, mais dans les « tribunaux ».









Athènes, naissance d'une démocratie(1/2)


Au VIe siècle av. J.-C. les cités du monde grec furent confrontées à une grave crise politique, résultant de deux phénomènes concomitants : d'une part l'esclavage pour dette, touchant principalement les paysans non propriétaires terriens, fit croître entre les citoyens l'inégalité politique, la liant à l'inégalité sociale ; et d'autre part le développement de la monnaie et des échanges commerciaux fit émerger les artisans et armateurs qui formèrent une nouvelle classe sociale aisée, revendiquant la fin du monopole des nobles sur la sphère politique. Pour répondre à cette double crise, de nombreuses cités modifièrent radicalement leur organisation politique. À Athènes un ensemble de réformes furent prises, ce qui amorça un processus débouchant au Ve siècle sur l'apparition d'un régime politique inédit : la démocratie.

La cité

Athènes fut fondée formellement vers 800 par le synoecisme de plusieurs villages, partiellement préservés par l'invasion des Doriens. Le pluriel du mot « Athènes », d'après Thucydide, est une trace des anciens villages qui fusionnèrent pour fonder la cité.

Le site fut choisi pour la forteresse naturelle que représente l'Acropole, les habitants purent résister aux hordes de pillards qui terrorisaient la région, augmentant avec les années sa fortification. À partir de 510, cette fonction défensive est abandonnée, le lieu étant consacré aux cultes et notamment celui d'Athena, déesse protectrice d'Athènes. Des remparts encerclent à partir de 478 la ville et son port, le Pirée. Rares sont les bâtiments au-delà des 15 majestueuses portes, exception faite du populaire quartier de la Céramique dont la production inonde le monde grec entier, ainsi seuls quelques gymnases et écoles de philosophie s'excentrent pour que leurs élèves profitent de la tranquillité et soient totalement isolés pendant les deux années de leur éphébie.

L'Agora devient le centre social et politique de la cité avec l'installation des institutions démocratiques sur cette place. En été de nombreux débats houleux ou amicaux se tiennent à l'ombre du portique Sud et de la Stoa Poikilè, on discute et philosophe en regardant les centaines d'étals emplis de victuailles et leurs marchands qui s'égosillent pour appâter le client. L'hiver, ce sont les nombreuses salles situées en arrière qui sont envahies. Des joutes oratoires d'un autre genre se déroulent sur la Pnyx, colline sur laquelle sont votées toutes les lois athéniennes.

Loin de ces ambiances festives plus ou moins décisives dans la direction de l'État le monde rural vit aussi. Les riches propriétaires n'ayant pas déserté la campagne pour la ville profitent, avec bordant le pourtour de l’Attique mangent à leur faim sans pour autant avoir accès à l’état de grands propriétaires terriens nécessaire pour entrer dans les arcanes du pouvoir.

Genèse de la démocratie

Les origines de la démocratie athénienne

La démocratie trouve son origine dans la grave crise de la cité grecque et les mutations propres à Athènes :

Vague de Paupérisation

À partir du VIIe siècle, de plus en plus de paysans sont condamnés à être esclaves pour causes de dettes. Le commerce se développant, la concurrence également. La Grande-grèce fait concurrence aux paysans grecs, elle peut produire des céréales peu cher (terrain mieux adapté pour l'agriculture, plaines plates..). les paysans grecs travaillent mais il ne peuvent gagner assez pour vivre. Ainsi ils s'endettent, finissent par être expropriés et deviennent des esclaves.

Dans les villes, cette main d'œuvre servile fait concurrence aux artisans ce qui déclenche également une vague de chômage.

Ces graves crises sociales sont suivies par des révolutions. Les oligarques répriment ces révolutions par des exécution et des exils.

La révolution hoplitique

Au VIe siècle apparaît la monnaie, en provenance du roi barbare de Lydie, Crésus, qui fut étroitement en contact avec les cités grecques avant sa défaite en 546 face au roi perse Cyrus. Chaque cité grecque s'est emparée de cette notion pour frapper sa propre monnaie, qui devient un composant de l'identité nationale. Ainsi au Ve siècle, les cités grecques ne frappent plus la monnaie irrégulièrement et chacune appose un signe particulier sur la monnaie qu'elle frappe, l'épicène, qui permet de la reconnaître. Pour la monnaie athénienne, c'est une chouette.

Cette fabuleuse révolution se produit en concordance avec le développement extraordinaire du commerce méditerranéen. Ainsi une nouvelle classe de citoyens aisés, faite de commerçants et d'artisans (potiers), naît. Ces citoyens sont dorénavant suffisamment riches pour s’acheter des équipements d'hoplites : la guerre n’est plus l’apanage de l'aristocratie. Le système aristocratique basé sur la propriété agraire est battu en brèche face aux revendications égalitaires de ces nouveaux citoyens-soldats. On parle de révolution hoplitique. Cette nouvelle configuration des rapports de forces sociales fît émerger notamment deux modèles distincts, et destinés à s'opposer dans le siècle à venir : l'oligarchie militaire spartiate et la démocratie athénienne.

Les réformes politiques

Il est important de comprendre qu'à l’opposé d'autres démocraties, comme les Etats-Unis d'Amérique ou la République française, la démocratie athénienne ne naquit pas d’insurrections populaires mais de l'engagement de politiciens pour assurer l'unité de la cité. Voici les quatre principales réformes que l'on distingue, ainsi que leurs instigateurs :

Réformes de Dracon

Dracon est mandaté, en 621-620, pour mettre par écrit des lois ne s'appliquant qu'aux affaires de meurtre et dont la dureté devait rester légendaire - d'où l'adjectif draconien. Mesure limitée qui, cependant, affirme pour la première fois l'autorité de l'État au-dessus des parentés dans le domaine de la justice, instaure un droit commun pour tous et, par là même, porte atteinte à l'arbitraire des aristocrates. Six thesmothètes(gardiens de la loi écrite) viennent alors renforcer le collège des archontes. Malgré l'amplification de la crise, le monopole économique et politique des grandes familles athéniennes, les Eupatrides n'est cependant en rien attaqué, les archontes (dirigeant collégialement la cité) étant toujours tous issus de ces milieux . Deux modèles résolvant ce problème émergèrent en Grèce au VIe siècle :

  • soit l'arbitrage d'un législateur, chargé, dans une sorte de consensus, de mettre fin à des troubles qui risquent de dégénérer en guerre civile ;
  • soit la tyrannie, qui, dans l'évolution de la Grèce archaïque, apparaît bien souvent comme une solution transitoire aux problèmes de la cité. Avec Solon, le législateur, puis avec les Pisistratides, Athènes fera successivement l'expérience de l'une et de l'autre.

Réformes de Solon

Solon tenta de résoudre la crise politique qui traversait sa cité. Archonte de 594 à 593, législateur, auteur d’un code de lois, il supprima l’esclavage pour dettes et affirma le droit de tous à participer aux décisions de la cité. Il fixa les obligations de chacun vis-à-vis de la cité selon la fortune personnelle.

Cependant le système mis en place par Solon demeure profondément inégalitaire : il se résume au passage d'un régime aristocratique à un régime ploutocratique. Les citoyens sont dorénavant répartis en 4 classes censitaires. D'après le nombre de mesures de blé, de vin et d'huile que le citoyen possède, il appartient à l'une des quatre « tribus » suivantes : les pentacosiomédimnes (qui possèdent plus de 500 médimnes de céréales), les hippeis (plus de 300 médimnes), les zeugites (plus de 200 médimnes) et les thètes (moins de 200 médimnes). La Boulè est instaurée comme organe consultatif du pouvoir (on ignore aujourd'hui l'importance de cette fonction) qui reste toujours au main de l'Aréopage. Chaque tribu envoie annuellement 100 représentants à la Boulê, qui est donc composée de 400 hommes.

Les droits individuels sont variables en fonction de la condition sociale, ainsi les hautes magistratures sont réservées aux pentacosiomédimnes. Mais soucieux de renforcer l'esprit de concorde et la solidarité, Solon soumet ces puissants au devoir liturgique. Grâce à ce système d'une part le petit peuple désormais libre n'a plus de forte haine contre les élites qui sont de plus en plus perçues comme bienfaitrices. D'autre part les revendications de la naissante bourgeoisie faite de marchands « internationaux », d'habiles entrepreneurs, et de propriétaires de flottes commerciales sont partiellement satisfaites, les charges d'archontes étant toujours réservées aux grands propriétaires terriens.

Réformes de Clisthène

Organisation géographique de l'Attique

A travers sa réforme de 508 Clisthène, eupatride membre d’une des plus grandes familles d’Athènes, les Alcméonides, concéda au peuple la participation non seulement aux décisions politiques mais aussi aux fonctions politiques en échange de son soutien. Cette réforme repose sur la réorganisation de l’espace civique. Les anciennes structures politiques fondées sur la richesse et les groupes familiaux furent remplacées par un système de répartition territoriale. Un citoyen athénien ne se définit désormais plus que par son appartenance à un dème.
L’Attique est divisé en trois ensembles : la ville (asty), la côte (paralie), et l’intérieur (mésogée). Dans chaque ensemble se trouvent dix groupes de dèmes, nommés trittyes. La réunion de trois trittyes, une de chaque ensemble, forme une tribu : il y a donc dix tribus. Ce système, sur lequel se base la nouvelle organisation des institutions, casse la pratique du clientélisme traditionnel. On parle d'isonomie.

À la structure sociale et administrative hiérarchisée, :

Dème <>
Clisthène fait correspondre une structure hiérarchisée du pouvoir :

Prytanes <>Juges <>

La réforme ne retint pas le vote comme mode principal de désignation des responsables politiques, lui préférant des tirages au sort (pour la désignation des bouleutes et des héliastes) et un système d'alternance régulière pour les prytanes, ce qui fait, pour partie, de la démocratie athénienne une stochocratie.

Réformes de Périclès

Vers le milieu du Ve siècle av. J.- Périclès mit en place une indemnité journalière de présence au sein de l'Héliée et de la Boulê, ainsi qu'aux spectacles des Panathénées : c’est le misthos (« salaire ») destiné à faire participer les citoyens les plus pauvres et les plus distants de la ville. Elle leur permettait de chômer un jour pour assurer leurs fonctions civiques et politiques. Le montant du misthos passa de deux à trois oboles par jour sous Cléon, soit l'équivalent du faible salaire d'un ouvrier. Cette mesure renforça le caractère démocratique du régime athénien.

Cependant, Périclès se distingua plus par ses actions militaires et diplomatiques ainsi que par les grands chantiers qu'il leva que par sa rénovation des institutions politiques.

Sparte, cité archaïque



L'étude de Sparte est indissociable du mirage spartiate, image caricaturale véhiculée par les auteurs anciens, notamment Xénophon et Plutarque, auteurs anciens séduits par un Etat bien organisé dont les citoyens n'ont pas à s'acquitter de tâches matérielles, et dont les nombreuses victoires s'expriment par une stricte discipline dès la petite enfance. Cette " imagerie antique " rend difficile la restitution d'un image historique de Sparte.

I] Installation des Doriens en Laconie

Les spartiates sont des envahisseurs. Sur le plan ethnique, ce sont des Doriens. Il serait venu du Nord vers le début du premier millénaire, se serait installé en Grèce Centrale et surtout dans le Péloponnèse.

1) Une communauté à fondement religieux

Cette communauté s'est installée en Laconie. Sur le plan archéologique, les plus anciens vestiges connus de Sparte daterait du IXe siècle et présentent des caractères religieux : autels, enclos sacrés…
Les Doriens sont très attachés à leur traditions religieuses. Il vénèrent par exemple une divinité spécifique : Apollon Carneios, c'est un dieu bélier. De même l'Apollon Pythien, vénéré à Delphes, d'origine Dorien, joue un rôle important à Sparte, où des personnages officiels, les Pythiens, sont chargés de consulter l'oracle d'Apollon à Delphes et sont entretenus aux frais de l'Etat, de même que les deux rois de Sparte. Ces deux rois sont aussi des prêtres de Zeus. Deux fois par mois, ils doivent offrir sacrifice à Apollon et plusieurs fois quand ils dirigent une expédition guerrière.
Les rois de Sparte sont descendants directs d'Héraclès ; ce sont donc des Héraclides. De ce fait, ils ont du sang de Zeus. Il s'agit d'une monarchie héréditaire justifié par cette ascendance.

2) Doriens et Achéens

Comme tous les Doriens, ceux qui s'installent en Laconie forment une communauté divisée en 3 tribus, elle-même subdivisées en 27 phratries, encore subdivisées en clans.
Toutes ces subdivisions ont un rôle lors des cérémonies religieuses. Les cultes pratiqués par ces Doriens, ainsi que leurs modes de vie, sont liés au pastoralisme. C'est pourquoi à l'origine, les différentes sous-communautés, ainsi que les rois, partagent la même tente. Les sacrifices accomplis ont eux aussi un caractère pastoral : on sacrifie des béliers pour l'Apollon Charnéios, des chèvres, des chiens voir des chevaux au sommet de la plus haute montagne de Laconie : le Mont Taygète.
Une fois installé, ces Doriens entrent en conflits avec des peuples indigènes : notamment les Achéens. Puis après les premiers conflits, ils ont coopérés avec certains Achéens puisqu'on les trouvent associé dans la fondation de certaines colonies : Gortyne en Crète, Cnide en Asie Mineure…
La communauté des Doriens en Laconie a été ensuite déchirée par des conflits internes. C'est aux alentours du début du VIIIe siècle, que la situation se stabilise et qu'on établit un ordre nouveau: l'eunomia (la bonne répartition). Les Doriens de Laconie devrait cette situation à un législateur moitié mythique : Lycurgue. L'eunomia a pour principale conséquence de créer un Etat, Sparte, dont les citoyens étaient des spartiates.

II] Modalités de la naissance de Sparte.
1) Des structures politiques

Sparte naît avec un document : la Grande Rhetra. Ce texte " constitution ", serait la transcription en prose d'une réponse oraculaire donnée par l'Apollon de Delphes suite à une demande officielle de Lycurgue. Elle est donc d'ascendance divine, donnée par Apollon.
Le premier acte officiel consiste en une cérémonie religieuse, la Grande Rhetra imposant la construction de deux sanctuaires : l'un pour Zeus, l'autre pour Athéna.
Le nombre des tribus est modifié, passant de trois à cinq. Ces tribus ont aussi un fondement territorial, puisqu'elles correspondent aux cinq arrondissements de Sparte, les cinq composantes de l'agglomération : la cité de Sparte, par exception, ne dispose pas de centre urbain, elle est l'association de cinq villages. L'appartenance d'origine aux trois tribus était de sang, maintenant elle de territoire. Chaque tribu fournit un régiment. Le but de cette réforme est de rompre avec les divisions familiales et de permettre une association de personnes d'origines familiales différentes. Cette association est dans un but militaire commun, mais aussi politique : les tribus élisent les cinq éphores.
Cependant, à l'intérieur de ces cinq tribus subsistent les anciennes subdivisions en phratrie et clans qui ont désormais des prérogatives uniquement religieuses.
Déjà avant la Grande Rhetra, il existait une Gerousia, conseil des anciens, dont les membres sont des Gérontes. La composition de ce conseil est modifié : elle comprend désormais 28 membres plus les deux rois. Ces derniers ont désormais le titre d'Archégètes (fondateur). La Gerousia introduit les motions que doit discuter l'apella, l'assemblée de citoyens. L'initiative revient donc toujours à la Gerousia.

2) L'organisation de la vie collective

Le plus important dans la réforme est l'éducation spartiate : l'agôge. Elle concerne d'abord les futurs hommes. En effet, peu de temps après sa naissance, l'enfant est montré par son père aux anciens de la tribu qui l'examinent ; s'il est bien formé et robuste, on le garde, sinon, il est exposé.
De 7 à 18 ans, le garçon est pris en charge par l'Etat, donc enlevé à sa famille, pour vivre en communauté. Entre 18 et 20 ans, il subit la formation militaire. Par la suite, et jusqu'à l'âge de 30 ans, il continue à vivre en communauté dans des casernes.
Ce n'est qu'après cette durée qu'il peut être intégré dans un club de citoyens. Il devient alors membre d'un syscitions. Une fois intégré dans un suscitions, le jeune homme devient citoyen avec le titre de homoios (Semblable). L'intégration dans le suscitions se fait par le vote. Si une seule voix se refuse, le jeune homme est hypomeion (inférieur). Il conserve ses droits civils mais n'a plus de droit politique.
Une fois élu, l'homois partage ses repas avec les membres de son club, une quinzaine, jusqu'à l'âge de 60 ans. C'est seulement alors qu'il est libéré de ses obligations militaires. Il peut devenir alors géronte. Chaque " semblable " reçoit de l'Etat une portion de terrain cultivé par des dépendants : les hilotes. Chaque mois, le citoyen est censé apporter à son suscitions une part de la production de son lot.

3) Les dépendants

Les hilotes sont les descendants de certaines populations pré-doriennes asservies par les envahisseurs. Les droits et obligations de ces hilotes sont définis très précisément ; si un citoyen exige d'un hilote plus qu'il n'est prévu par la " constitution ", il risque une malédiction, sanction religieuse importante.
On attribue à Lycurgue, l'institution de la cryptie. Il s'agit une sorte de rituel qui fait partie de l'agôge. C'est une opération secrète qui demande aux adolescents d'effectuer, sans laisser de traces, sous ordre de l'Etat, le massacre d'hilotes. Le fondement : les " semblables " aurait été 4000 environ ; les hilotes sont beaucoup plus nombreux. On pouvait donc toujours craindre un soulèvement des dépendants. Et c'est pour maintenir cette masse d'hilotes dans un état de sujétion, pour leur inspirer une terreur salutaire, que Lycurgue aurait eu recours à ces mesures expéditives.

Les périèques sont eux aussi à l'origine des populations pré-doriennes ; mais elles n'ont pas été asservies par les spartiates. Une fois la cité de Sparte fondée, les Spartiates veulent empêcher le développement des autres cités de Laconie en obligeant chaque communauté à accepter sa propre politique extérieure, tout en leur laissant une certaine autonomie. Ces villageois deviennent alors des périèques (ceux qui habitent autour). Ces individus se définissent par leur position subalterne par rapport à Sparte. Contrairement aux hilotes, les périèques sont des hommes libres considérés comme des Lacédémoniens. Ils sont donc tenus de servir dans l'armée de Sparte. Et c'est en partie grâce à eux que les Spartiates vont peu à peu dominer toute la Laconie.

III] Sparte et la conquête de la Messenie
1) La bataille D'Helos

Les Doriens installé en Laconie ne contrôle à l'origine qu'une partie située à l'Est de l'Eurotas.
Dans le Péloponnèse, la cité la plus redoutable était alors Argos. Au début du VIIIe siècle, la cité d'Argos contrôlait l'Argolide mais aussi les régions voisines jusqu'à l'île de Cythère. C'est à cette époque qu'Argos envoie un corps expéditionnaire soutenir les Achéens de Hélos contre Sparte. Comme Sparte, les Argos était des Doriens, et c'était un sacrilège de s'attaquer à un état frère, mais les Argiens ne voulait pas que les Spartiates contrôlent la partie Est de la Laconie.
A cette époque, Argos dispose d'une flotte de guerre dont les navires sont équipés d'un éperons de bois, alors que Sparte n'avait pas de flotte. Ainsi les Argiens, disposant d'une base militaire à Cythère, n'eurent aucune difficulté à conduire leur troupe jusqu'à Helos.
Malgré tout, les spartiates s'emparent de Helos, la rase, et réduisent les habitants en esclave. Enhardis par leur succès, ils effectuent des razzia en Argolide.

2) La conquête de la Messénie

La Messénie a de riches plaines fertiles. Et elle aussi est occupée par des Doriens ; il s'agit donc encore d'une guerre fratricide.
Les Doriens de Messénie occupent les terres intérieures et les collines orientales. Il n'y avait pas encore de frontière bien définie entre Laconie et Messénie, mais une ligne de partage fonction de la distribution des pâturage d'été et d'hiver.
C'est à proximité de cette ligne qu'avait lieu une célébration commune. Convoitant les riches plaines de Messénie, les Spartiates justifient leur conquêtes par un sacrilège qui aurait été commis dans le sanctuaire d'Artémis où avait lieu cette fête religieuse commune. En effet, des Messéniens auraient enlevé des jeunes filles spartiates. Les Spartiates ont aussi mis en avant un argument d'ordre économique : l'un des rois de Sparte aurait dit : " nous marchons contre un pays qui n'est pas divisé en lots ". On ne cache pas l'ambition de coloniser la Messénie.
Cette première guerre aurait durée vingt ans, se soldant par une victoire de Sparte, les derniers Messéniens, vaincus, sont réduits à la condition d'hilote, les terres conquises étant divisées en lots pour 3 000 spartiates. Les hilotes de Messénie, comme ceux de Laconie, devaient prêter serment à l'Etat spartiate, livrer la moitié de leur production à l'Etat et devaient assister vêtu de noir aux funérailles des rois.
Cette conquête de la Messénie qui assure l'autosuffisance de Sparte a eu également une conséquence politique : un amendement apporté à la Grande Rhetra. Pendant la guerre, l'Appela n'était plus représentative de l'ensemble des citoyens, ce qui entraînait de nombreux conflits avec la Gerousia. Les rois de Sparte cherchèrent une réponse auprès d'Apollon à Delphes qui aurait proposé de permettre aux " anciens " de suspendre la séance si l'Assemblée émet des opinions jugées incorrectes.
En vertu de cet amendement, en cas d'opposition à ses projets, la Gerousia renvoyait l'Assemblée et sa proposition avait force de loi. Cela à la seule condition qu'il y ait unanimité au sein du conseil des anciens. L'Appela n'a apparemment plus de pouvoirs politiques, cependant, dans la pratique, les deux rois n'étant pas toujours d'accord entre eux et avec les Gérontes, il était rarement possible d'obtenir l'unanimité au sein de la Gerousia.

IV] La constitution de Sparte
1) Conseil et magistrat
a. les rois

Malgré leurs noms, ils sont considérés magistrats car nommés par le peuple. Les pouvoir des deux rois sont indivisibles, et de caractères essentiellement militaires et religieux, ces deux prérogatives étant liés (nombreux sacrifices pendant les guerres). Ils examinent les présages d'après les entrailles des victimes avant de franchir la frontière où d'engager le combat. Celui qui refuse de leur obéir encoure une malédiction, châtiment archaïque. Les rois combattent en personne, ils sont considérés comme des jumeaux divins et sont à ce titre étroitement liés aux Dioscures, les deux fils de Zeus (Castor et Pollux). Quand ils partent en campagne, ils sont accompagnés des deux statues les représentants (les Dioscures).

Sur le plan politique, les rois, élus par le peuple, n'ont pas plus de pouvoir que leur collègue de la Gerousia. Leur train de vie est assez simple : ils résident dans une tente, ils ont droit à une double portion de nourriture pour en faire profiter un autre officiel, ils possèdent des parcelles dans les terres de périèques.

C'est à l'occasion de leurs funérailles qu'ils apparaissent comme des personnages de premier plan puisqu'ils reçoivent un deuil public de dix jours.

b. la Gerousia

Elle a la haute main politique et bénéficie de prérogatives judiciaires. Elle n'a pas de compte à rendre. Les gérontes doivent avoir au moins 60 ans et sont élus à vie. C'est le plus grand honneur pour un spartiate.

Vu leur age avancé, il est compréhensible que leur politique ait été conservatrice, empêchant une véritable évolution de l'Etat spartiate.

c. les éphores
Au nombre de cinq, ils sont élus chaque année par l'Appela parmi les spartiates âgés d'au moins 30 ans. Ils ont la responsabilité de l'agôge et à ce titre ils exigent une parfaite obéissance. Ils ont des fonctions de police qui leur permettent de procéder à des arrestations sommaires. En cas de guerre, ce sont eux qui déterminent les classe d'ages qui doivent être appelées. Ils président au recrutement des 300 membres de la garde royale. Ils sont chargés aussi de contrôler les rois : en campagne, il y a toujours un éphore avec le roi.
Tous les neuf ans, ils examinent le ciel par une nuit de pleine lune et s'ils aperçoivent une comète, ils suspendent les rois, jugés inaptes à régner. Ce n'est qu'après consultation de l'oracle de Delphes qu'ils peuvent éventuellement les réintégrer dans leurs fonctions. On les compare souvent à des censeurs.

2) Les citoyens

Ce sont les homme de 30 ans ayant subit l'agôge et inscrit dans un sussistion. Ce sont les seuls membres de l'Apella. Ils élisent tous les magistrats, y compris les rois, avec un mode d'élections qui se vote par acclamation : on désigne le candidat qui est élus par les plus bruyants. Des arbitres placés dans une chambre isolée évaluent le volume sonore. Les gens de l'Appela écoutent et discutent les propositions de la Gerousia. Cependant, dès leur enfance, ils sont habitués à une stricte obéissance de l'autorité et de l'age. Ils devaient donc rarement contester les propositions de la Gerousia.

V] Sparte et la conquête de la Thyréatide
1) La résistance d'Argos

Argos, toujours cité prospère au VIIe siècle, eut une impulsion décisive sous Phidon qui vers 670 dirigea la cité avec le titre de roi, tout en se comportant plutôt comme un tyran.

A cette époque, Sparte et Argos se discute la propriété d'une riche plaine : la Thyréatide. En 669, la bataille d'Hysiaï, voit la défaite de Sparte. Les Messéniens en profite et se révolte, d'ou la seconde guerre de Messénie qui aurait duré trente ans et ou des combats eurent lieu sur les sols même de la Laconie.

Cette terrible guerre traumatisa les spartiates qui avaient combattu avec acharnement, le mot d'ordre étant de se faire tuer sur place plutôt que de céder un pouce de terrain.

Les Messéniens étaient soutenus par les Argiens et par les Arcadiens. Mais finalement, les Spartiates remportent une immense victoire et augmentent leur territoire. En fin de guerre, Sparte inflige des défaites à Argos même.

2) Naissance de l'Hégémonie spartiate
a. Sparte et Tégée d'Arcadie


Souhaitant reconquérir l'Arcadie, les Spartiates consultent l'oracle d'Apollon qui leur promet la victoire. Ils se lancent en Arcadie avec des chaînes pour les prisonniers et des baguettes pour mesurer le terrain. Ils sont vaincus et doivent porter leurs chaînes et travailler dans les champs ! Par la suite, ils consultent à nouveau l'oracle qui leur suggèrent de faire aux gens de Tégée un cadeau religieux : des reliques, ossements d'Oreste fils d'Agamemnon. Sparte s'institue dès lors protectrice de Tégée, les deux cités font un alliance à laquelle se joignirent les autres cités d'Arcadie.

b. naissance de la ligue du Péloponnèse et lutte contre Argos

Au milieu du VIe siècle, Sparte a conclu des alliances avec de nombreuses cités du Péloponnèse, dont Corinthe et sa voisine Mégare. Cet ensemble d'alliances qui lient chaque cité séparément à Sparte est connu sous le nom de ligue du Péloponnèse, une ligue dont le but était d'abord défensif mais qui permis surtout à Sparte d'avoir les mains libres pour régler ses comptes avec Argos.
Les spartiates chassent tout d'abord les Argiens de Cythère, ils reviennent en Thyréatide. Il s'agit pour Sparte comme pour Argos d'un point d'honneur. C'est pourquoi on choisit un nombre limité de soldats d'élites. La bataille des champions en 546 voit s'opposer 300 combattants de chaque rang. La bataille fait rage toute la journée. La nuit venue, il reste un Spartiate et deux Argiens. Les deux disent avoir gagné. Les deux armées en désaccord se rencontrent alors en bataille rangée qui voit la victoire de Sparte. Grâce à cette victoire, elle assure la domination de la Thyréatide et de son réseau d'alliance ; Sparte devint une grande puissance sur terre mais aussi sur mer grâce à Corinthe.



Notes:

#Ephores : ce sont peut-être les plus hautes personalité de l'Etat spartiate. Ce sont cinq magistrats élus par le peuple pour une durée d'un an. Leur rôle est de surveiller les deux rois, mais aussi le peuple, puisqu'ils supervisent l'agôgé. Aussi, rien ne peut échapper à leur autorité : ils surveillent l'armée, l'éducation, la diplomatie, la justice et la finance. Néanmoins on se pose la question de leur rôle : ont-ils l'initiative, ou bien sont-ils le personnel administratif de la Gérousia ?

#Hilotes : Leur origine est incertaine. On admet le plus souvent qu'ils s'agit des descendants des population indigènes vaincues lors de l'expansion spartiate, comme pour les Messéniens. Une autre théorie établirait leur origine dans les coutumes doriennes, cela selon l'observation suivante : il n'y a pas de différence de dialectes entre spartiates et hilotes
Toujours est-il que leur seule fonction est de cultiver les kleros de terre des homoioi, à qui ils doivent fournir une partie des récolte (céréales, vin et huile). Parfois on les rencontre dans l'armée, ce sont des valets et à de très rares occasions ils peuvent servir exceptionnellement d'hoplites ; sur la flotte, ils forment le rang des rameurs.

#Périèques : Leur origine est incertaine. La théorie la plus admise est qu'ils sont les descendants des Laconiens soumis ou bien des alliés achéens de la première heure. Au-dessus des hilotes, ils bénéficient des droits civils et participent à l'administration de leur ville. Par contre ils n'ont aucun droit politique à Lacédémone. Ils possèdent des lots de terres aux marges de l'Etat spartiate, mais leurs activités principales seraient le commerce et l'industrie. Moses I. Finley, voit en eux les artisans qui fabriquent les armes, ce qui expliquerait leurs privilèges.
Ils payent une taxe à l'Etat et servent dans l'armée en tant qu'hoplites. Mais ils ne sont pas soumis à la vie en commun, ce qui dans la pratique les rends plus libres que les citoyens spartiates !