samedi 2 juin 2007

Les guerres médiques(1/2)


La révolte de l'Ionie
La révolte de l'Ionie naîtra de la volonté de Darius Ier de contrôler les sources d'approvisionnement en blé et en bois de construction navale de la Grèce. Appuyé par des contingents grecs ioniens, le souverain s'attaquera dans un premier temps aux Scythes, important royaume situé en Russie méridionale qui entretenait d'intenses relations commerciales avec les Grecs et contrôlait la route du commerce de l'or extrait des monts Oural et de Sibérie. L'armée perse, victime de la stratégie de la terre brûlée menée par les Scythes, échappera au désastre et à l'encerclement grâce à la loyauté du contingent grec, qui gardera le pont sur le Danube (Ister).
Darius annexera la Thrace. Le roi Amyntas Ier de Macédoine reconnaîtra la suzeraineté de la Perse en 513 avant Jésus-Christ. L'île de Samothrace tombera sous le joug perse cinq années plus tard. Athènes sollicitera l'alliance achéménide au cours de la même période.


Les origines de la révolte
Les douze riches cités grecques d'Ionie (Milet, Éphèse, Phocée, Clazomènes, Colophon, Priène, Téos, Chios, Samos, Érythrée, Myonte et Lebedos), ainsi que les cités de l'Éolie situées au nord-ouest de l'Ionie, dont Smyrne, seront vaincues par Harpage, général de Cyrus II, vers 540 avant Jésus-Christ. Milet, épargnée grâce à son traité d'amitié, sera le berceau du soulèvement de 499 avant Jésus-Christ.
L'aspiration à la liberté sera théorisée par Aristagoras de Milet qui rassemblera les cités ioniennes. L'objectif de reprendre Byzance et Chypre aux Perses incitera les Grecs d'Asie à la révolte, qui sera préparée en secret à Naxos et à Milet. Le tyran de cette dernière, Histiée, sera retenu à Suse par Darius. Son gendre Aristagoras, neveu d'un ancien tyran de la ville, dirigera la cité en son absence. Il fera alliance avec les Perses pour reprendre Naxos (500 avant Jésus-Christ), avant de se brouiller avec leur général. Histiée lui demandera alors de se révolter contre Darius.
Les Milésiens se réuniront en conseil pour décider du soulèvement. Hécatée, un prédécesseur d'Hérodote, sera le seul à s'opposer au projet. Aristagoras, qui conduira le soulèvement en 499 avant Jésus-Christ, s'emparera de plusieurs navires perses et phéniciens et proclamera l'égalité des cités ioniennes. Il se rendra en Grèce continentale au cours de l'hiver pour solliciter une aide militaire. Sparte est alors divisée par la rivalité des deux rois Cléomène Ier et Démarate et Athènes se remet à peine des convulsions qui suivront la mise en place des réformes de Clisthène. Cette dernière fournira malgré tout vingt bateaux et Erétrie cinq, par reconnaissance pour Milet qui l'avait jadis aidée contre Chalcis.
Les Perses mettront six ans pour vaincre les Ioniens qui remporteront les premiers combats. La flotte grecque anéantira la flotte phénicienne sur les côtes de Pamphylie, vers 498 avant Jésus-Christ. Charopinos, frère d'Aristagoras, sera appuyé par le contingent athénien pour détourner l'armée perse qui se préparait à assiéger la ville de Milet et ravager Sardes. Le satrape Artaphernês les vaincra à leur retour sur les hauteurs d'Éphèse, au printemps 498 avant Jésus-Christ. Le corps expéditionnaire grec rentrera alors au pays.
Le soulèvement gagnera Chypre à l'automne 498, à l'exception de Kition, ainsi que la Propontide et l'Hellespont jusqu'à Byzance. La Carie se révoltera à son tour. Darius Ier, à la tête de trois armées et d'une flotte nouvelle, écrasera la révolte à Chypre, puis dans les cités de l'Hellespont, au cours de l'année suivante. Les Cariens seront vaincus sur le fleuve Marsyas à l'automne 497, malgré l'aide des Milésiens, puis à Labraunda, au cours de l'été 496 avant Jésus-Christ.
Aristagoras s'enfuira Thrace où il décédera, tandis qu'Histiée deviendra pirate en mer Égée. Il sera tué peu après. Les Cariens infligeront une grave défaite aux Perses au cours de l'automne suivant, à Pédassos.
Les Cariens ne déposeront définitivement les armes qu'en 494 avant Jésus-Christ, à l'issue de longues négociations. Isolée, Milet sera encerclée par les Perses la même année. Une bataille navale opposant environ 350 navires grecs à 600 navires phéniciens, égyptiens et chypriotes se déroulera au large de l'île de Lade durant l'été 494. La flotte grecque sera anéantie et la cité sera rasée peu après. Sa population déportée sur les berges du Tigre, en Mésopotamie. Les Perses soumettront les dernières villes et îles rebelles (Chios, Lesbos et Tenédos) en 493 avant Jésus-Christ, ainsi que les côtes de l'Hellespont et de la Chalcédoine.

Première Guerre Médique
Darius Ier, qui se rappelle de l'aide apportée par Athènes et Erétrie à Milet, préparera une expédition punitive contre la Grèce continentale. Il demandera à son gendre Mardonios de reprendre en main la Macédoine et la Thrace, théoriquement soumises mais privées des garnisons perses qui avaient été évacuées lors de la révolte de l'Ionie. Mardonios rassemblera sa flotte et son armée en Cilicie au printemps de 492 avant Jésus-Christ, franchira l'Hellespont et traversera la Thrace et la Macédoine. La flotte, qui soumettra Thasos, suivra la côte européenne jusque vers Acanthos. Elle perdra la moitié de ses navires au cours d'une violente tempête au moment de doubler le cap du Mont Athos. Une attaque de tribus de Païoiens surprenant le campement perse fera de nombreuses victimes supplémentaires. Mardonios donnera alors l'ordre de la retraite.
L'année 491 avant Jésus-Christ sera consacrée aux préparatifs militaires et diplomatiques d'une offensive perse. De nombreuses cités grecques recevront des ambassadeurs demandant leur soumission. Certaines s'exécuteront, tandis qu'Athènes et Sparte mettront à mort (selon Hérodote) les ambassadeurs perses, sans toutefois anticiper la future offensive.
L'armée perse de 25.000 à 50.000 hommes, dirigée par les généraux Artaphernês (armée de terre) un neveu de Darius et Datis (flotte), traversera directement la mer Égée pour rejoindre l'Eubée et l'Attique, après avoir pris le contrôle de Naxos et Délos. Elle ravagera Carystos, à la pointe méridionale de l'Eubée, qui refusera de se soumettre, puis Erétrie, abandonnée par ses alliés athéniens. Sa population sera déportée à Ardéricca près de Suse.


La bataille de Marathon
L'armée perse, conseillée par l'ancien tyran d'Athènes Hippias, débarquera début septembre 490 sur la plage de Marathon, à environ 42 kilomètres d'Athènes. Les hoplites athéniens (environ 10.000 hommes) seront conduits par le stratège Miltiade. Les Perses décideront d'attaquer Athènes par terre et par mer le 13 septembre. Une partie des troupes perses, y compris la cavalerie, embarquera pour Phalère et atteindre ainsi rapidement l'Acropole. Les autres troupes franchiront le Charadra, petit ruisseau qui traverse la plaine de Marathon, afin de couper la route de l'armée athénienne vers la cité.
Cette dernière, appuyées par leurs alliés de la cité de Platées, attendront les renforts promis par Sparte du haut du Pentélique et du Parnès. Ils décideront d'affronter les Perses dans la plaine de Marathon, avant de regagner Athènes pour la protéger.
Miltiade, l'un des dix stratèges athéniens, connaît la faiblesse de l'armée perse pour avoir combattu à ses cotés lors de l'offensive contre les Scythes. Cette dernière est composée de soldats d'origines différentes, ne parlant pas les mêmes dialectes et n'ayant pas l'habitude de combattre ensemble. L'armement perse, composé de boucliers en osier et de piques courtes, ne permet pas les combats au corps à corps.
Les hoplites grecs, protégés par un casque et une cuirasse sont armés d'une épée et d'une longue lance. Ils combattent en rangs serrés (phalange) en formant une muraille avec leurs boucliers.
Miltiade demandera à Callimaque le Polémarque d'étendre la ligne des soldats grecs, afin de ne pas être submergé par le nombre, et de renforcer les ailes au détriment du centre, afin d'attaquer les flancs de l'armée perse et l'envelopper. Le maillon faible des Perses remontera dans la panique à bord des navires, tandis que le centre des Grecs cèdera. Les troupes grecques disposées sur les ailes prendront alors en tenaille et anéantiront le centre de l'armée perse qui comptera 6.400 tués et noyés. Sept navires de leur flotte seront détruits, tandis que les Athéniens ne perdront environ que 200 citoyens.
Les hoplites grecs parviendront à Athènes environ une heure avant la flotte ennemie qui aura besoin d'une dizaine d'heures pour doubler le cap Sounion et atteindre Phalère. Les Perses, comprenant leur défaite, renonceront à débarquer.
Cette victoire stratégique, symbolique pour les Grecs, conférera un grand prestige à Athènes. Pour les Perses, qui soumettront la plupart des îles de la mer Egée au pouvoir de Darius au cours de cette expédition, cette défaite ne sera qu'un échec mineur que Darius voudra réparer rapidement. Une révolte en Égypte, dirigée par le satrape Aryandès, l'empêchera de repartir en Grèce. Décédé en 486 avant Jésus-Christ, il sera remplacé par son fils Xerxès Ier.



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